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2002 Automne FloraQuebeca, salut!

Il y a presque exactement cinq ans aujourd’hui j’acceptais la présidence de FloraQuebeca. Ces cinq années auront été pour moi une période d’apprentissage et de prise de conscience importante. Apprentissage, d’abord, des menaces qui pèsent sur la flore indigène et, surtout, de l’incertitude qui fait parfois de ces menaces un portrait flou. À cause de ma formation scientifique, je me sentais à l’aise principalement avec les aspects techniques des problématiques de conservation. Analyser la situation d’une espèce particulière ou d’une population; identifier des sites potentiellement intéressants pour la conservation; évaluer localement les effets probables de la récolte excessive de plantes à valeur marchande élevée. Voilà les champs dans lesquels j’avais déjà marché. De ces activités scientifiques à l’animation d’une association vouée à la connaissance et à la protection de la flore indigène, il y avait un grand pas à franchir. Mais la cause était noble et le courant fort : l’énergie inspirante des membres fondateurs.

J’ai fait ailleurs un bilan de nos réalisations des années 1998-2000. Celui des deux dernières années serait tout aussi positif. Au premier chef, la présence accrue de botanistes sur le terrain, comme en témoigne la participation aux excursions et, en particulier, aux Rendez-vous botaniques. Je considère cette présence d’une grande richesse pour la société québécoise; c’est une sorte de trésor national.

De plus, la participation de botanistes à divers forums et consultations publiques a contribué à inscrire la protection de la biodiversité dans un projet de société. À cet effet, FloraQuebeca est devenu un allié des initiatives gouvernementales en matière de biodiversité et un interlocuteur crédible dont on cherche souvent l’appui.

Il reste toutefois bien des défis à relever. Le principal, d’après moi, sera de renouer le dialogue avec la communauté des « utilisateurs » de la flore indigène. Une tension existera toujours entre ceux-ci et les conservationistes, mais l’ouverture d’esprit que tous manifestaient à la fondation de notre association (en 1996) laisse croire qu’un équilibre est possible. On devra probablement davantage valoriser les expériences visant à tirer profit des plantes sauvages … sans leur nuire. Particulièrement si cela contribue à la fois au bien-être humain et à un avenir meilleur pour les milieux naturels.

Une de mes grandes déceptions aura été de ne pas avoir réussi à faire de FloraQuebeca un lieu où aurait fructifié le dialogue nécessaire à l’atteinte de cet équilibre. Mon successeur aura peut-être plus de talent… et de chance?

Vous l’aurez sans doute deviné, cette page est une lettre d’adieu. L’automne est souvent une période propice aux décisions difficiles. Et j’ai pris celle de ne pas me re-présenter aux prochaines élections. J’entends suivre l’évolution de cette belle aventure, mais de plus loin. Je profite de cette occasion pour remercier tous les membres et, en particulier, tous ceux et celles qui ont partagé avec moi les responsabilités et les tâches parfois ingrates d’un conseil d’administration.

Je souhaite à FloraQuebeca longue vie et je vous dit : « Salut! »

Patrick Nantel, président
Volume 7 numéro 2, automne 2002